41 après-midi (extrait 2)

 Alors que du creux de la main je lustrai le bout d’un plot, un homme vint me demander la rue des prostituées.
En voiture, avant de doubler, je prends toujours soin, dans le rétroviseur, de me recoiffer.

41 après-midi (extrait)

Il est maintenant 11h, je suis à Stalingrad où j’ai trouvé un petit rebord en pierre sur lequel m’asseoir, et la journée m’ouvre ses bras, sans que je ne parvienne pourtant vraiment à l’étreindre, je la laisse même plutôt comme ça, les deux bras ballants, en lui jetant des regards inquiets.  
(...) Et alors que le sujet de la suite des événements se mit imperceptiblement à planer, j’étais plutôt curieux d’en connaître les possibles acceptions.
Ce fût la crainte que j’éprouvai tout à coup de rencontrer ces étudiants à qui j’avais parlé de mon expérience de décorateur au Club Méditerranée il y a quelques semaines de cela, crainte de ne pouvoir faire preuve du même enthousiasme, crainte que mon rebord en béton troqué contre le fauteuil d’alors, ne les laisse perplexes quant à la pertinence de continuer dans cette voie.
Je quitte donc le périmètre des restaurants autour de leur centre de formation, puis me dirige, bon an mal an, vers chez moi, prêt à faire feu de tout bois pour ne pas y parvenir.