41 après-midi (extrait 2)

 Alors que du creux de la main je lustrai le bout d’un plot, un homme vint me demander la rue des prostituées.
En voiture, avant de doubler, je prends toujours soin, dans le rétroviseur, de me recoiffer.

41 après-midi (extrait)

Il est maintenant 11h, je suis à Stalingrad où j’ai trouvé un petit rebord en pierre sur lequel m’asseoir, et la journée m’ouvre ses bras, sans que je ne parvienne pourtant vraiment à l’étreindre, je la laisse même plutôt comme ça, les deux bras ballants, en lui jetant des regards inquiets.  
(...) Et alors que le sujet de la suite des événements se mit imperceptiblement à planer, j’étais plutôt curieux d’en connaître les possibles acceptions.
Ce fût la crainte que j’éprouvai tout à coup de rencontrer ces étudiants à qui j’avais parlé de mon expérience de décorateur au Club Méditerranée il y a quelques semaines de cela, crainte de ne pouvoir faire preuve du même enthousiasme, crainte que mon rebord en béton troqué contre le fauteuil d’alors, ne les laisse perplexes quant à la pertinence de continuer dans cette voie.
Je quitte donc le périmètre des restaurants autour de leur centre de formation, puis me dirige, bon an mal an, vers chez moi, prêt à faire feu de tout bois pour ne pas y parvenir.

sondage

A la question où allez vous posée aux passants de la place Madeleine Braun (Paris X°), le samedi 30 octobre 2010 entre 18h et 18h30,

-26 % rentrent chez eux (dont 3% trouvent que c'est original, avant de me préciser de l'autre côté du canal, 3% s'étonnant que ce soit tout, 3% me précisant à Aubervilliers, 3% estimant que c'est un bon sondage, en se retournant ensuite à plusieurs reprises, et 3% me demandant si j'entends par là géographiquement),
-14,4 % vont faire les magasins (5,5 % d'entre eux me précisent qu'ensuite ils doivent aller chercher leur fille à la gare de l'est), les courses (5,5 % me précisent les boutiques), dans un magasin de bonbon sur le canal (11,1%), chez les commerçants à côté (11,1%), du shopping à Etienne Marcel (5,5%), chez un disquaire rue sainte Marthe (11,1%), soit aux Halles soit à Montparnasse pour faire des courses de choses qu'ils ne trouvent pas en Espagne où ils habitent (5,5%), au Virgin qui vient d'ouvrir (5,5 %)
-6,3 % vont à la gare du Nord (dont 12,5 % pour un rendez-vous)
-3,9 % d'entre eux vont à la Gare de l'Est (40 % y prendre un train, 20 % m'avouant que c'est pour y faire des courses)
-3,1 % au square
-3,1 % à l'hôpital saint-Louis
-3,1 % ne savent pas (25% d'entre eux cherchant avant tout un endroit pour pisser)
-2,4 % estiment qu'il y avait longtemps
-2,4 % rue du faubourg saint-denis
-2,4 % là ou juste là
-2,4 % vers Jacques Bonsergent
-2,4 % place de l'Opéra
-1,6 % d'entre eux au Yoga
-1,6 % vont travailler (au café Bonnie)
-1,6 % me remercient
-1,6 % près du canal saint-Martin (alors que 50 % d'entre eux ne le savaient pas)
-1,6 % soupirent
-1,6 % à Chatenay Malabri
-1,6 % ne comprend
-1,6 % chez un ami
-1,6 % sont pressés
-0,8 % pensent que c'est indiscret
-0,8 % au cinéma
-0,8 % ne répondent pas au sondage
-0,8 % dans le XVIII porte de Clignancourt
-0,8 % estiment que c'est pas la peine
-0,8 % tout droit
-0,8 % vont se ballader en descendant vers les grands boulevards
-0,8 % estiment que c'est bon
-0,8 % en vacances
-0,8 % à Charleville Mézières
-0,8 % ne m'entendent pas
-0,8 % au café (chez Prune)
-0,8 % à l'hotel Holiday Inn à la gare de l'est
-0,8 % au métro
-0,8 % à la Poste principale rue du Louvre
-0,8 % m'arrêtent d'un geste de la main
-0,8 % dans une galerie
-0,8 % d'entre eux ne sont pas d'ici. 

troisième classe

même les roses du vendeur ambulant dans les mains des policiers venant de l'appréhender avaient l'air suspectes

vernissage domestique



l'âge d'une femme liftée se devine plus facilement lorsqu'elle est accompagnée de son mari

tiraillé









frémissement

ce tétraplégique dans son fauteuil roulant, sur les bords du canal de la Villette, qui maniait le joystick de son engin avec tout le mal que sa maladie lui imposait

maroc

des chèvres et une grande échelle


de la fenêtre barricadée du premier étage émanait le chant d'un coq


trace surannée d'entrain d'un évènement à venir  

stratagèmes pour ne pas apparaître sur la photo d'un chantier menacé par la végétation 

quelque chose se trame

patio

artistes et forains associés dans la mise en valeur de nouveaux quartiers

la photo de voyage

En faire plus pour éviter d'avoir à se demander pourquoi, l'évolution des capacités des cartes mémoires nous facilitant la tâche, encourageant cette suspension, et l'on s'engouffre alors dans cette surenchère croyant par là échapper à son analyse
mais l'on y échappe qu'en apparence, et les voyages ne nous apprennent, en réalité, plus rien (depuis quand les voyages devraient-ils nous apprendre quelque chose de toute façon)
alors on repart vite ailleurs (1 à 2 voyages par an sur 40 ans, ça fait 60 pays, dans la mesure où l'on ne refait que rarement le même, bien qu'il s'agisse souvent là du plus haut critère d'évaluation de réussite d'un voyage, critère purement indicatif donc, la liste des pays à aller photographier étant encore trop longue pour tenter d'en approfondir un, ce type de rapport ne souffrant d'ailleurs pas la répétition, en même temps qu'il s'amenuise avec elle, puisque très rapidement se manifestent ses lacunes.
En effet on déclenche d'autant plus vite que l'on sait que la perception du caractère inédit de notre nouvel environnement est vouée à disparaître, et que bientôt ces clichés nous sembleront n'en donner qu'une vision très limitée, mais dans la plupart des cas, nous n'aurons pas le temps de nous en rendre compte.

cette soirée où j'étais parti me balader dans les rues de Fès et que j'avais oublié de prendre mon appareil photo qu'une récente dispute avec Amélie m'empêchait d'aller simplement récupérer
et d'un coup, il fallait que je trouve d'autres centres d'intérêt, motivations à cette escapade, d'autres moyens de rentrer en contact aussi
mais ce deuil fut très rapide à faire, et alors s'ouvrit à moi quelque chose de nouveau, des choses qu'il ne s'agirait plus d'emmagasiner en vue de... rien, mais de vivre ici et maintenant
je n'avais plus mon appareil, cet objet qui me fait croire qu'il pourra en dernier lieu me racheter un temps que je n'ai alors plus besoin d'employer à quoi que ce soit, et envers lequel je développe un rapport très ambigu (puisqu'il se trouve investi, malgré lui, d'une mission qu'il ne peut évidemment pas remplir)

ces séjours où l'on passe son temps derrière l'objectif, où rien ne compte plus, pour ensuite, une fois rentré, déposer les photos au fond de son disque dur
c'est ensuite à qui voudra bien les regarder, ces photos sans qualité, honneur d'autant plus compliqué à rendre que l'on est soi-même déjà submergé par ses propres photos, quand il n'agit pas non plus grosso modo des mêmes images
une totale et vaine implication
et cette fragile comédie semble pourtant devoir se perpétuer, notre clairvoyance nous abandonnant à mesure que l'on s'éloigne de chez soi, au profit d'une hébétude que l'on aurait bien mérité, récompense d'une année de travail,
mais heureusement est arrivé le blog de voyage, ou comment trouver un intérêt à son voyage, soit en le racontant (et alors la moindre petite anecdote devient quelque chose d'exceptionnel à raconter), le caractère « live » des photos parant à la laborieuse séance de visionnage du retour, dont on sentait bien l'impérieuse nécessité qu'il y avait à s'y rendre, puisqu'il s'agissait tout simplement là de la principale justification du voyage
mais tu n'y es pas guillaume, c'est de pur altruisme qu'il s'agit quant à ces blogs

les voyages aujourd'hui sont conditionnés par ce type de rapport, il ne s'agit pas seulement d'une activité à laquelle on s'adonne, mais bien plutôt d'un rapport conditionnant
il ne devrait s'agir que d'une activité parmi d'autres, alors qu'elle en vient à déterminer la nature même de l'ensemble des voyages, une nature exclusivement et définitivement picturale, le pictural enregistré mécaniquement envisagé ici comme degré zéro de la rencontre, mais même au-delà de cette fameuse rencontre rêvée que ne peuvent malheureusement pas connaître tous les touristes/voyageurs, en raison de la fréquente émigration des populations autochtones qui, elles aussi, ont envie d'aller voir ailleurs, au delà de cette fameuse rencontre et presque paradoxalement, ce cliché photographique qui semble déterminer la nature du voyage nous lui fait même finalement passer à côté, puisqu'on ne jette qu'un coup d'œil à ce que l'on photographie immédiatement (ce n'est pas le fruit d'une longue observation que l'on conclurait ainsi), et qui alors ne mérite pour l'instant pas que l'on s'y attarde plus, puisqu'on pourra, à loisir, regarder les photos au retour, ce qu'on ne fait en définitive pas
une approche qui ne tient même pas le peu qu'elle promet

imaginer des voyages sans appareil photo, les potentiels échanges qui, au vu du trafic aérien et du marché de l'autocar pourraient se produire si les idées de vacances, de voyages étaient reconsidérées

lorsque nous avons visité le musée des beaux arts de Meknès, et que l'un de ses guides nous a signifié que l'on ne pouvait ni rentrer ni même photographier l'une des fastueuses chambres (le musée était un ancien palais), interdiction dont il épargna par contre le groupe d'américaines nous succédant, et auquel il semblait lié par une monnayée sollicitude, et bien, de derrière le cordon nous en barrant personnellement l'accès, nous nous primes à imaginer la vie au milieu de ses fastes, ce que nous n'aurions pas forcément entrepris une fois le cliché pris, cette universelle réponse à ce qui semble posséder, de prime abord, un quelconque intérêt, pressentiment jamais vérifié par la suite

imaginer une taxe sur les photos au passage de la douane, comme une marchandise à déclarer (1 euro le méga)

une des définitions d'appareiller:
être appareillé; muni d'un appareil de prothèse
prothèse; technique ayant pour objet le remplacement partiel ou total d'un organe ou d'un membre (pièce ou appareil de remplacement de l'organe, du membre)
sous entendu d'un organe ou d'un membre défectueux, ou bien encore de plusieurs organes ou membres défectueux

apprendre à voyager comme un aveugle (dépasser le caractère inédit de l'environnement physique, visuel), bien que certains aveugles mêmes n'y parviennent pas, c'est l'histoire de cette femme qui, dans l'espoir qu'un jour sa cessité guérirait, s'évertuait à photographier les lieux qu'elle traversait, jolie histoire mais un peu triste quand même

quelques mots français repérés dans des conversations entre marocains arabophones :

-aménagement
-multinational
-profession
-tartine au beurre au fromage
-comme mon meilleur ami, mon frère
-2 ans classe préparatoire
-doctorat
-nourri, logé
-pollution
-appartement
-privé
-studio
-goudron
-rond-point
-photographe
-contrat
-déjà
-original
-aération
-gendarmerie royale
-capitaine
-il est nécessaire
-la curiosité humaine
-le message après
-engagement
-crédit
-rendez-vous
-jardinier
-service public
-la fiche
-la carte mémoire
-les travaux
-le représentant
-direct
-maximum
-embrayage
-marche arrière
-créneau
-côte
-obligé
-payer une amende
-surcharge
-tout de suite
-21 29,7
-24 32
-oxygène
-carbone
-la même chose
-discipline